A l’occasion du déplacement du Président de la République à l’IRA de Nantes, il a été annoncé la fin de la limitation du nombre de tentatives individuelles pour se présenter à certains concours de la fonction publique, le plus emblématique étant l’ENA.
C’est une réponse apportée à la demande d’un collectif étudiant qui avait demandé un geste de bienveillance de la part de l’Etat pour ne pas prendre en compte les tentatives de cette année, compte tenu de la situation sanitaire qui avait bien sûr perturbé les révisions et même parfois exigé des adaptations des épreuves qui n’avaient pas pu être anticipées par les candidats.
C’est aussi une réponse sur laquelle l’USAC a pesé. En effet, les étudiants avaient pris l’initiative de nous contacter pour nous faire part de leurs difficultés et nous avons choisit de répondre par des actes forts à leur demande de soutien. Avec nous, l’UNSA Fonction publique a écrit au Premier ministre et communiqué publiquement sur le sujet. Nous avons également mené des consultations étroites avec les étudiants pour les conseiller dans leur mobilisation et mettre nos moyens au service de leur cause.
Certes, par construction ces étudiants ne sont pas des administrateurs civils. Ils ne sont même pas (encore) des fonctionnaires, et si de très nombreux fonctionnaires se trouvent dans la même situation qu’eux, se présentant aux concours internes, aucun n’est un administrateur civil. Ce ne sont ni des adhérents, ni même des sympathisants.
Mais ce sont de jeunes (et moins jeunes) gens qui aspirent à rejoindre le service de l’Etat, étudiants ou fonctionnaires qui se présentent au concours, ils aimeraient devenir administrateurs civils, tout au moins ils voudraient que la possibilité de le devenir un jour ne leur soit pas fermée.
Alors que le corps souffre d’un déficit d’attractivité que nous dénonçons depuis des années, le paradoxe n’est pas dans le fait de les aider, il aurait été dans celui de rester sourd à leurs demandes. L’Etat, le corps des administrateurs civils, a besoin de leur enthousiasme, de leur courage à venir malgré les circonstances contraires réviser et se présenter aux concours. Les fonctionnaires comme les étudiants qui veulent prendre des responsabilités, l’Etat en a besoin, un besoin croissant que nous constatons tous dans nos postes et métiers alors que le pays rencontre une crise sans précédent et que nous savons bien les fragilités multiples de nos administrations publiques.
Nous avons besoin de talents, mais nous avons tout autant besoin de courage. Ils ont montré leur courage, laissons-les démontrer leurs talents !
Le gouvernement a répondu à leur demande, et à la nôtre. Cette limitation aux tentatives n’avait pas pour objectif d’empêcher de rejoindre la haute-fonction publique, elle était pensée pour protéger les candidats contre eux-mêmes en empêchant certains de se focaliser trop longtemps sur des concours trop difficiles pour eux au détriment de la construction de leurs vies. Mais il y a aujourd’hui bien des moyens autres pour se mettre au service de l’Etat, si on en a la conviction. Et fonctionnaires candidats comme étudiants sont bien assez responsables pour décider par eux-mêmes de la conduite de leurs existences.
En attendant qu’ils puissent se mettre au service de la Nation, et qui sait, peut-être comme administrateurs civils, ils peuvent être fiers de leur mobilisation réussie comme nous sommes fiers de voir l’Etat leur tendre la main. Il reste beaucoup à faire pour rétablir l’attractivité des carrières de cadre supérieur et dirigeant public, et l’USAC pendra part à toutes les discussions en ce sens. Mais reconnaître l’importance de la vocation est un premier pas, il doit être salué.