» Prends, le voilà, prends te dis-je, mais jure donc.- Non Monsieur, j’aime mieux mourir de faim. – Va, va, je te le donne pour l’amour de l’humanité. » Don Juan ou le Festin de pierre, III, 2
Le projet de décret de février 2017 créant un 10eme échelon au sommet du grade de pied de corps d’administrateur civil est le seule et unique « avantage » que les administrateurs civils obtiendront de l’application du protocole sur les parcours, les carrières et les rémunérations (PPCR), alors que tant d’autres corps y ont obtenu des revalorisations substantielles de leur déroulement de carrière.
C’est soit une provocation, soit un signe de mépris, soit, et plus vraisemblablement, un mélange des deux.
Alors que d’anciens corps A type (par exemple les directeurs des services pénitentiaires) accèdent au A + début 2017 ; alors que le décret no 2017-171 du 10 février 2017 montre le déroulé « en linéaire » (automatique) jusqu’au traitement indiciaire « hors échelle » D ou E des corps A+ antérieurement comparables aux administrateurs civils ; la seule offrande faite aux administrateurs civils est une mesure statutaire picrocholine concernant leur grade de base, applicable au 1er janvier 2020 et entrainant un gain royal de 38 points !
Rien n’indique en outre que cette mesure n’est pas le signe des prémices d’une politique générale d’allongement des carrières, en retardant le passage à la hors classe d’au moins trois ans non seulement pour les administrateurs civils mais pour nombre d’autres corps (les administrateurs civils servent souvent de corps « test » à la DGAFP…). Et la prochaine étape est peut être une baisse du taux de promus / promouvables pour le passage à la hors classe, rétrécissant encore davantage ce goulot étroit ?
Les administrateurs civils ne réclament pas la charité mais simplement la justice, afin que leur engagement professionnel soit reconnu. Pour l’amour de l’humanité aurait- on dit autrefois .Mais de nos jours seules compte la soumission à la direction du Budget et la capacité de pression et de blocage.
L’USAC- CGC ne peut accepter une telle attitude vis à vis des administrateurs civils, et l’absence de mise en œuvre de véritables mesures d’application du PPCR pour ce corps . Et encore cela aurait pu être pire, nous aurions pu ne rien obtenir ; mais il n’y avait pas de base juridique dans les accords PPCR pour exclure un corps de son champ d’application…
Une fois de plus, l’Etat n’a pas respecté les engagements qu’il a signés : une revalorisation générale des parcours, des carrières et des rémunérations de ses agents.
Dans ce cas, inutile de faire semblant de consulter les partenaires sociaux. L’USAC –CGC a donc refusé de participer, lors de la CAP interministérielle du 28 février 2017, à la « discussion » sur la création de ce 10ème échelon, à partir de 2020, du grade de pied de corps d’administrateur civil.